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L’eau, un enjeu crucial pour l’environnement, pour notre avenir industriel

Avec les projets d’extensions notre site s’est retrouvé sur les projecteurs et si les enjeux industriels et de souveraineté sont cruciaux, notre industrie se voit également critiquée pour son impact, surtout pour ce qui concerne la consommation d’eau.

Des collectifs et associations protestent contre notre industrie en raison de son impact environnemental, ces mobilisations s’expliquent alors que notre usine prévoit d’utiliser un volume d’eau potable équivalent à quasiment la moitié de ce que consomme l’agglomération grenobloise (11 millions de m3 par an), certains demandent même l’arrêt de la microélectronique.

En tant que salarié·es de ST, nous devons nous saisir des enjeux climatiques et environnementaux car il s’agit de notre avenir commun à toutes et tous. Un constat s’impose, si la région a aujourd’hui d’importantes ressources en eau, elles ne sont pas infinies. Les longues périodes sèches réduisent la capacité des sols à absorber l’eau, les nappes phréatiques se rechargent donc mal. Le niveau des ressources en eau risque de diminuer fortement dans les années qui viennent. Il est indispensable que les activités industrielles et agricoles, les activités de loisirs et de tourisme consomment moins d’eau qu’actuellement, si on veut préserver l’eau potable disponible pour la population.

C’est dès maintenant qu’il faut agir :

Utiliser moins, polluer moins, recycler plus.

Notre industrie doit prendre sa part dans la nécessaire transition écologique afin de garantir notre avenir commun. Il faut des mesures fortes pour préserver le climat et l’eau, notamment en matière de transports et de consommation d’énergie et d’eau.

La CGT affirme que notre industrie répond en partie à des besoins de la société et nous défendons la relocalisation de l’industrie pour répondre à ces besoins mais nous devons exiger que l’impact de la production sur les ressources disponibles n’excède pas les capacités du territoire, nous proposons des solutions allant dans ce sens depuis plus d’un an.

De son côté la direction a adopté une communication très offensive sur le sujet mais si nous ne nions pas les efforts fournis nous considérons qu’ils manquent d’ambition.

Dans le cas du site de ST Crolles, nous pensons qu’il faut avoir un objectif clair : ne plus augmenter le volume d’eau prélevé, baisser celui d’eau potable.

Alors que la consommation est passée de 2,7M m3/an à plus de 4,5 M m3/an, il faut au contraire diminuer la part d’eau potable dans nos prélèvements et favoriser l’usage d’eau de qualité inférieure.

Il faut tenir compte de l’avis de la MRAE (mission régionale d’autorité environnementale) qui dit (avis délibéré le 17 février 2023) :

Le dossier présente de nombreuses lacunes qui rendent difficile la compréhension du projet et les impacts sur l’environnement de ce dernier. En particulier, le projet lui-même n’est pas suffisamment décrit, l’état initial relatif à la consommation d’eau, l’état des ressources en eau, les rejets aqueux et atmosphériques

Quelles solutions ?

Le premier levier est celui d’une tarification incitative : Nous pensons qu’il faut mettre en place une tarification progressive, nettement plus élevée qu’aujourd’hui pour les usages importants (pas uniquement ST). Les sommes dégagées pourraient financer des projets de recherches et d’industrialisation sur la dépollution de l’eau et augmenter ainsi les ressources disponibles. Une part des bénéfices générés par notre travail servirait donc à maintenir une ressource essentielle à la communauté tout en incitant notre industrie à continuer ses efforts sur la consommation d’eau afin de diminuer ses couts.

Un autre projet qui pourrait être financé ainsi serait la mise en place d’un réseau alternatif d’eau de moindre qualité que l’eau potable à destination des industriels, des agriculteurs et des gros usagers afin de diminuer la dépendance à l’eau potable, à terme ce réseau pourrait être alimenté en partie par les eaux usées en sortie des stations d’épuration.

En interne de ST les efforts actuels se concentrent sur deux axes :

  • La réduction de la consommation d’eau par wafer à travers l’optimisation des procédés industriels, ces efforts doivent se poursuivre à travers le partage de connaissance entre acteurs de la microélectronique au niveau européen a minima, mondialement si possible.
  • Le développement de la STEL 2 permettra une réutilisation partielle de l’eau. Ce projet est salutaire mais manque d’ambition avec des volumes d’eau retraités de l’ordre de 40m3/h initialement et peut-être 300 à terme lorsque nous consommerons environ 1000m3/h. Il faut aller beaucoup plus loin et viser une réutilisation supérieure à 60% de la consommation finale de l’usine pour maintenir cette consommation au niveau de 2021 (4,2M m3). De plus, garder un projet purement ST représente un gaspillage d’opportunité dans une zone industrielle qui comprend d’autres consommateurs, au premier rang desquels on trouve SOITEC. Nous proposons donc la mutualisation des moyens de retraitement des effluents liquides.

Faisabilité technique des solutions proposées

Nos propositions reposent sur des solutions techniques utilisées.

TSMC a pour objectif d’augmenter de plus de 60% le remplacement de prélèvements d’eau par de l’eau recyclée.

Samsung en Corée a pour projet d’utiliser massivement des eaux usées pour ses usines de microélectronique.

Veolia travaille déjà avec ST et annonce pouvoir produire de l’eau ultrapure à partir d’épuration des eaux usées ou à partir d’eau de mer.

La démocratie de l’eau reste à construire

Aujourd’hui la gestion de l’eau est opaque, en général sous la responsabilité du Préfet.

Nous revendiquons le passage à une gestion démocratique qui associe la population, les ONG et les syndicats de salariés et de paysans aux décisions, où les priorités d’usage et les restrictions sont décidées dans le souci de l’intérêt général, tiennent compte de l’état des ressources, avec des décisions publiques qui s’imposent à tous.

C’est dans l’intérêt de la population, des collectivités et de notre industrie.

Il n’y a aucun avenir possible pour une industrie qui excède les capacités du territoire où elle est implantée