CGT STMICROELECTRONICS Crolles

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Projet d’extension Fab Crolles 300mm : contribution de la CGT à la demande d’autorisation environnementale

Contribution déposée le 25/11/2024

Contribution n°181 (Web)

Contribution des élu-e-s CGT de STMicroelectronics Grenoble à l’enquête publique préalable à l’extension du site STMicroelectronics de Crolles, pour plus de contrôle de l’état, que ce soit pour le contrôle de l’impact environnemental, les emplois créés et une véritable planification de la production.

Pour rappel, malgré le titre de l’enquête publique, une grande partie de l’extension est déjà
sortie de terre et c’est plutôt l’autorisation d’exploitation qui est en jeu.
Après la première enquête publique (28 août au 9 octobre 2023) et la concertation de la
CNDP du 26 juillet au 30 août 2024, la CGT de STMicroelectronics continue à s’interroger
sur les conséquences et les enjeux de l’extension du site de Crolles, ainsi que sur les
déclarations d’intention de la multinationale.

Nous reviendrons brièvement sur certains points que nous avons déjà remonté dans le débat public de la CNDP.

La problématique de l’utilisation de l’eau potable pour la fabrication de puces électroniques
sur le site de Crolles n’a toujours pas été remise en cause dans le dossier présenté malgré
le débat qui anime toute l’agglomération. L’objectif de réutilisation de 60% de l’eau
consommée sur le site de Crolles a été confirmé et les études techniques permettant la
qualification des éléments les plus sensibles aux impuretés ont été finalisées depuis le début
de l’été 2024. Néanmoins les éléments chiffrés, tel que planning et coût d’investissement
manquent dans le dossier. L’objectif de 60% est à comparer avec le taux actuel de moins de
2% d’eau réutilisée depuis plus de 6 mois maintenant. De même, l’utilisation d’eau
industrielle ou non potable n’est pas présentée comme une solution principale
d’approvisionnement mais uniquement comme une solution de secours.
Nous regrettons ce manque d’ambition dans les réalisations techniques promises et nous
réaffirmons notre attention particulière au sujet de l’utilisation et du partage de l’eau sur
notre territoire.

En ce qui concerne le chiffre de 41% d’eau recyclée sur le site de ST Crolles, nous ne
comprenons pas les calculs effectués et nous restons dubitatifs sur la possibilité d’un
industriel à remettre de l’eau potable en circulation. Nous avons eu connaissance, grâce à la
presse et d’un rapport de l’ARS, d’un fort taux de PFAS dans l’eau rejetée par ST Crolles et
nous ne voyons pas, là aussi, le planning et les investissements nécessaires prévus pour
résoudre ce grave problème de santé publique qui n’est pas un problème technique.

Dans le dossier, STMicroelectronics insiste sur l’importance de la chaine de valeur présente
sur le territoire. Nous nous rappelons que cette chaine de valeur et l’interaction avec le CEA-
Leti-Minatec ou Soitec a été forte mais qu’elle a fortement baissé. Les développements de
process avancés ne sont plus dans la politique de développement de ST, et l’assemblage ou
le test en volume reste au niveau développement sur notre territoire. Là encore, l’affirmation
se heurte à la réalité, mais permet d’anticiper les besoins.

Nous avons vu apparaitre une nouvelle affirmation dans le dossier de presse : « les puces
que l’on fabriquerait à Crolles seraient nécessaires à la transition écologique ». Nous
sommes habitués aux messages de greenwashing de notre compagnie mais nous restons
toujours étonnés de l’assurance tranquille avec lequel des arguments si importants sont
partagés. Nous constatons que ce type d’argument est aussi présent dans la communication
d’Infineon ou de NXP sans plus d’éléments d’explication. La seule étude de référence que
nous connaissons est celle de l’université d’Harvard qui fait augmenter le coût
environnemental d’une puce avec la baisse du nœud technologique.

Nous rappelons que dans son bilan environnemental notre société ST ne prend en compte qu’une très petite
partie du scope 3. Elle préfère ne pas regarder l’impact de la fabrication du silicium
monocristallin, de l’extraction des métaux ou des terres rares, ni l’impact environnemental de
l’utilisation des smartphones, de l’IA ou de l’internet par satellite, et cela en contradiction
apparente avec la loi française https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/methodo_BEGES_decli_07.pdf.
Avant d’affirmer, nous préférons la démarche scientifique du bilan complet et de la
recherche collective de solution.  La transition écologique, pourquoi pas, mais vers quel
monde et pour qui ?
Au lien suivant https://www.eusemiconductors.eu/esia/public-policy/sustainability-esh, on
trouve une brochure sur  « the  European Semiconductor Industry: a strong contributor to
reducing Carbon Emissions ». Le résumé serait : les semiconducteurs vont sauver le monde
et leur empreinte carbone est ridicule ? Nous en doutons dans l’état actuel de la situation.
Un autre lien https://www.euractiv.fr/section/strategie-industrielle/news/le-defi-
environnemental-de-la-production-de-semi-conducteurs/ nous enjoint à remettre en
question les annonces de STmicroelctronics qui semble être du domaine du lobbying plutôt
que de l’étude scientifique. Le résumé serait « Le coût environnemental considérable de la fabrication de semi-conducteurs, qui
devient de plus en plus problématique avec chaque nouvelle génération de puces, a
été largement négligé dans le paquet législatif sur les semi-conducteurs de la Commission européenne »