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Communiqué de presse CGT ST France sur le partenariat STMicroelectronics et Global Foundries pour une nouvelle unité de production 300mm à Crolles

STMicroelectronics et Global Foundries ont annoncé leur projet commun de développer une nouvelle unité de production 300mm à Crolles (Isère), pour une large gamme de technologies GF et ST, dont le FD-SOI. Sans savoir encore comment il sera réparti entre les deux partenaires, l’investissement envisagé sera de plusieurs milliards d’euros, et bénéficiera d’un soutien financier important de l’État français. Ce projet prévoit aussi de créer 1000 emplois directs.

La CGT est tout d’abord satisfaite, que ST et l’Etat aient enfin pris la décision de développer en France de nouvelles capacités de production en semi-conducteurs.

En effet, cela fait plusieurs années que nous les interpellons régulièrement sur le devenir de la filière industrielle de la microélectronique, la dépendance de la France et plus largement de l’Europe dans ce secteur étant de plus en plus un sujet, alors même que l’utilisation du numérique dans la société croit.

Il y a quelques mois, l’Europe a fini par prendre conscience de son retard et a lancé le « Chips Act », dont les efforts étaient jusques là plutôt concentrés en Allemagne.

Toutefois, cette bonne nouvelle ne doit pas masquer un certain nombre de questions importantes pour l’avenir de tous les sites de ST ou pour l’avenir de la filière, tout en tenant compte des enjeux sociaux et environnementaux.

S’agissant du site de ST Crolles, celui-ci fait déjà l’objet depuis plusieurs mois, d’un grand investissement par ST d’une extension des capacités de production 300mm (projet gateway). Aussi, nous nous demandons pourquoi ce nouveau projet ne concerne pas le site de ST Rousset (Bouches du Rhône), unité de production 200mm, et dont l’avenir du site comme des emplois est menacé si une transition vers le 300mm n’est pas organisé.

S’agissant de l’avenir de la filière, la question de la R&D est un point crucial. Voilà plusieurs années, ST a décidé d’abandonner la R&D des technologies avancées, malgré de nombreuses aides publiques. Un partenariat R&D a été annoncé en avril 2022 entre ST, GF, Soitec et le CEA, mais à ce jour, sur le terrain nous n’en connaissons pas les contours. De plus, bien que le FD-SOI soit né à Grenoble, cette technologie en 28nm a été vendue par ST à Samsung, qui maitrise désormais seule le 18nm. La nouvelle unité de production à Crolles prévoyant de produire du 18nm, quel rôle aura Samsung ? Enfin, ne pas maitriser les technologies avancées, notamment pour la partie moins de 10nm, renforcera à long terme notre dépendance à l’Asie et aux Etats-Unis.

S’agissant de l’enjeu social, il est annoncé que 1000 emplois seront créés, mais aujourd’hui ST peine à recruter. Certes, ST fait des embauches mais elle fait face également à de nombreux départs. La politique salariale au rabais n’est pas sans effet dans un contexte de forte demande dans le secteur. Un secteur qui aurait aussi besoin de plus de formations qualifiantes, notamment de techniciens. La CGT porte un projet d’école de formation de techniciens mais nous regrettons que ST ne veuille pas en entendre parler.

S’agissant de l’enjeu environnemental, il devient urgent d’évaluer l’impact de tout développement industriel et de prendre en amont les mesures nécessaires d’investissement. Notamment, l’industrie de la microélectronique est grande consommatrice d’eau pure (par exemple, nous évaluons la consommation du site de ST Crolles à celle de 100 000 habitants par an), et face aux problèmes de sécheresse, quelles actions pourraient être menées ?

Autant de questions donc, auxquelles nous souhaiterions avoir un retour de ST et de l’Etat…